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9 février 2011

www.courrierinternational.com

Le retour de la Syrie au pays du Cèdre

La nomination de Najib Mikati au poste de Premier ministre n’est pas une victoire du Hezbollah mais bel et bien de Damas.

03.02.2011 | Mohanad Hage Ali

www.courrierinternational.com/article/2011/02/03/le-retour-de-la-syrie-au-pays-du-cedre

               

                     © Dessin de Bleibel, Liban.

Au Liban, le renversement du gouvernement pro-occidental par ses adversaires prosyriens – et notamment le Hezbollah – a mis en émoi les médias du monde. De nombreux organes de presse occidentaux n’ont pas hésité à décrire ce processus comme une sorte de coup d’Etat islamiste. Même la BBC a déclaré que le “candidat du Hezbollah”, Najib Mikati, avait remporté le plus de voix pour succéder à Saad Hariri comme Premier ministre. Sky News a été plus loin en affirmant que “le Hezbollah [prenait] le contrôle du gouvernement libanais”. Pourtant, tout le monde a fait fausse route. C’est la Syrie, et non le Hezbollah, qui a placé sous sa coupe le gouvernement libanais.

A l’origine de ce changement de gouvernement, onze anciens députés de la coalition du 14 Mars [coalition antisyrienne] – notamment Najib Mikati et Walid Joumblat – ont rejoint le camp prosyrien. “La géopolitique [l’influence syrienne] nous dicte de choisir entre nous jeter à la mer ou aller dans les bras des Arabes et de la Syrie”, a rappelé fin janvier le leader druze. Il avait pourtant accusé la Syrie d’avoir assassiné son père, Kamal, et aussi Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre. Walid Joumblatt avait également été la figure de proue de ce qu’on a appelé la “révolution du Cèdre”, en 2005 : ces grandes manifestations ayant abouti au retrait des troupes syriennes.

Les Etats-Unis avaient apporté un soutien inconditionnel à la coalition du 14 mars ; Walid Joumblatt et ses alliés parlaient d’une nouvelle ère de démocratie sous perfusion américaine. L’ère Bush vient à peine de prendre fin que le leader druze a déjà changé son fusil d’épaule, et la Syrie lui a une fois de plus ouvert grand les bras.

Pendant quatorze ans, la Syrie, par sa présence militaire et grâce à ses alliés locaux, a contrôlé tous les aspects de la vie politique libanaise. Son chef de la sécurité militaire à Beyrouth désignait les candidats aux postes clés du gouvernement. Pendant toutes ces années, les gouvernements européens et américain toléraient l’influence de la Syrie et discutaient directement avec Damas des questions libanaises. Aujourd’hui, les cendres de l’ère Bush à peine éteintes, la Syrie fait son grand retour avec l’aide de ses alliés. Et, d’après un diplomate européen, “nous avons vécu avec l’influence syrienne pendant des années, nous ne sommes pas ravis, mais il n’y aura aucune sanction ni de nouveau Vietnam”. Ce changement de gouvernement au Liban ne signifie pas que le Hezbollah va régner dans l’ombre, comme le déclarait avec emphase Newsweek. C’est plutôt la Syrie qui va régner dans l’ombre. Avec ce nouveau gouvernement dirigé par Najib Mikati, un riche homme d’affaires éduqué à l’occidentale, le Hezbollah reprendra le statut qu’il avait avant 2005, évitant la confrontation militaire et adoptant un profil bas vis-à-vis d’Israël. Pour Damas, ce gouvernement est un ballon d’essai qui lui permettra de tester son influence en l’absence de présence militaire ; il ne laissera donc personne, pas même le Hezbollah, saboter cette expérience.

La première préoccupation de la Syrie concerne le Tribunal spécial pour le Liban, qui enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri et devrait mettre en cause des membres du Hezbollah et des représentants syriens.

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